Kenya · 21 janvier 2021 · 3 min
AKDN
Il était debout, seul face à la classe entière - plus de 20 paires d’yeux étaient rivées sur lui. Alors qu’il devait se présenter devant ses nouveaux camarades d’école en Tanzanie, pas un son, pas un mot n’est sorti de sa bouche. Rapidement, les larmes lui montèrent aux yeux, ses mains devinrent moites et son rythme cardiaque s’accéléra.
Comme pour la plupart des personnes paralysées par une phobie, Danish Dhamani avait devant lui un long chemin à parcourir pour vaincre ses angoisses. Natif de Karachi, au Pakistan, il a été scolarisé à Dar es Salaam, en Tanzanie, avant d’intégrer l’Académie Aga Khan de Mombasa, au Kenya, en 2011. À la recherche de projets qui lui permettraient de développer la confiance nécessaire pour s’exprimer en public, il s’est inscrit à plusieurs activités extrascolaires, et notamment au club de modélisation des Nations Unies (MNU). Il a également été président du Conseil représentatif des élèves alors qu’il était en deuxième année du Programme. Parce qu’elles impliquaient de très fréquentes prises de parole en public, ces deux activités étaient idéales pour l’aider à sortir de sa coquille.
C’est ainsi que, petit à petit, Danish a commencé à parcourir le chemin qui lui permettrait de vaincre sa peur. « Dans le cadre du club de modélisation des Nations Unies de l’Académie, j’ai été amené à me rendre à Nairobi, au Kenya, et à Genève, en Suisse. Ces deux voyages m’ont aidé à prendre confiance en moi et à m’exprimer non seulement sur la scène nationale, mais également internationale », explique Danish. « Avant, je ne parlais pas beaucoup », se souvient-il. « J’ai des vidéos de mes camarades s’exprimant avec une totale confiance, ce que je n’avais jamais eu jusque-là. Mais en voyant les autres, des jeunes de mon âge, réussir à s’exprimer de la sorte, je me suis posé la question, ‘Si eux peuvent le faire, pourquoi pas moi ?’ ».
Pensionnaire à l’Académie, Danish était amené à régulièrement échanger avec Azim Bardai, son assistant d’éducation, qui l’a aidé à prendre confiance en lui lorsqu’il était en première année du Programme. Il explique qu’il ressentait une véritable connexion avec M. Bardai, qui était comme un père pour lui - il se montrait présent en toute circonstance, alors que Danish se muait petit à petit en jeune homme.
« M. Bardai me comprenait et comprenait mes forces et mes faiblesses, et il m’a aidé à travailler dessus », explique Danish. « Il m’a également poussé à comprendre le genre de personne que je souhaitais devenir et m’a réellement aidé à travailler sur moi-même. C’est le genre de choses qu’on ne peut apprendre que dans les Académies, pas dans une école standard. »
Après avoir obtenu son diplôme à l’Académie de Mombasa en 2013, Danish a intégré l’Université Drexel de Philadelphie, en Pennsylvanie, afin de suivre des études de génie mécanique, un domaine difficile d’accès. Mais à cette époque, il avait déjà appris à donner de sa personne et à travailler dur à l’Académie Aga Khan de Mombasa, une leçon précieuse à ses yeux.
Lorsqu’en 2016, il a cofondé avec ses colocataires de l’université Orai, une application qui permet d’améliorer ses capacités à parler en public, cette leçon a porté ses fruits. Basée sur la technologie de l’intelligence artificielle, l’application Orai a fédéré 300 000 utilisateurs à travers le monde. Elle a été notée plus de 2 000 fois sur l’App Store d’Apple et affiche une note de 4,7 étoiles. Elle est désormais utilisée dans des entreprises comme Microsoft, Comcast et IBM.
Plus récemment, l’application et ses fondateurs ont figuré dans le magazine Forbes. Danish et ses colocataires ont été classés dans le palmarès « Forbes 30 Under 30 » 2021, un classement prestigieux qui met en lumière des entrepreneurs ambitieux de moins de 30 ans dans différents secteurs. Danish a été sélectionné pour l’impact et la portée de son application.
« Lors d’un discours, Son Altesse l’Aga Khan a un jour déclaré qu’il était important d’utiliser ses connaissances pour aider les autres, où qu’ils se trouvent dans le monde. Ces paroles ont résonné en moi et ont posé les bases de l’un de mes principes fondateurs aujourd’hui », explique-t-il. « Si je construis quelque chose, résous un problème ou rends un service, je ne pense pas à aider seulement 100 personnes, mais les millions de personnes qui peuplent notre planète. »
« Mettre en avant cette idée que je dois utiliser mes connaissances pour contribuer à améliorer la vie des autres, pas seulement dans ma ville ou mon pays, mais tout autour du globe... c’est cela être un citoyen du monde. C’est pour cela que j’ai choisi de m’attaquer à la première cause d’angoisse dans le monde aujourd’hui : s’exprimer en public. »
Dhanish Dhamani, second from left, with his Orai team.
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